Gabon : plus d’un tiers de la population vit dans la pauvreté, alerte la Banque mondiale

La dernière Note de conjoncture économique du Gabon, publiée le 26 juin 2025 par la Banque mondiale, dresse un tableau préoccupant de la situation sociale du pays. Malgré une croissance économique modérée, les indicateurs de pauvreté continuent de se détériorer, affectant désormais plus d’un tiers de la population.
Selon cette note, 34,6 % des Gabonais vivaient en 2024 avec moins de 6,85 dollars par jour (en parité de pouvoir d’achat de 2017), un seuil utilisé pour mesurer la pauvreté monétaire dans les pays à revenu intermédiaire. Cette progression traduit une tendance à la hausse continue depuis 2022, en dépit de la reprise économique post-Covid-19.
Entre 2019 et 2024, le Gabon a enregistré une croissance moyenne de 2 % par an. Un taux qui, s’il traduit une certaine résilience économique, demeure largement insuffisant pour générer une amélioration tangible des conditions de vie. Le marché du travail, saturé, peine à absorber les nouvelles générations de jeunes en quête d’emploi.
La Banque mondiale souligne que la croissance reste largement tirée par les secteurs pétrolier et minier, des domaines à forte intensité capitalistique mais à faible intensité d’emploi. Autrement dit, ces secteurs mobilisent des investissements importants sans pour autant créer un volume significatif de postes pour la main-d’œuvre locale. « La croissance actuelle ne crée pas suffisamment d’emplois pour infléchir la courbe de la pauvreté. Elle reste concentrée dans des secteurs qui n’intègrent pas assez les travailleurs nationaux », note un spécialiste de l’institution.
Moins de dépenses sociales, plus de précarité
Autre facteur aggravant : la baisse continue des dépenses sociales. En 2024, les allocations budgétaires destinées aux secteurs sociaux n’ont représenté que 18,2 % du budget révisé, en nette baisse par rapport aux années précédentes. Cette réduction limite les marges de manœuvre de l’État pour investir dans l’éducation, la santé, et les filets de protection sociale.
Le rapport met également en lumière la faiblesse de l’aide sociale non contributive, qui ne mobilise que 0,2 % du PIB. Ce niveau reste bien en dessous de la moyenne des pays à revenu intermédiaire supérieur, qui y consacrent environ 0,8 % de leur produit intérieur brut.
En cause, notamment : l’absence d’un registre social national fiable et actualisé, rendant difficile l’identification des ménages réellement dans le besoin. Résultat : les dispositifs d’aide, comme les transferts monétaires ou les programmes d’assistance, demeurent limités, peu coordonnés et inefficaces. « Tant qu’il n’existera pas un système précis pour cibler les foyers vulnérables, les politiques sociales resteront marginales et peu efficientes », déplore la Banque mondiale.
Une urgence sociale persistante
Avec un taux de pauvreté de 34,6 % et un chômage de longue durée touchant près d’un actif sur cinq, le Gabon fait face à un défi social majeur. L’institution internationale appelle à une refonte profonde du modèle de développement, en mettant l’accent sur le renforcement du capital humain, la lutte contre les inégalités, et une meilleure redistribution des fruits de la croissance.